« Divagation en consultation: comprendre le sens et éviter les pièges ».
- Psyzone .care
- 11 mai 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 mai 2023
Vous est-il déjà arrivé d'être emporté par une discussion bien sympathique, de perdre la notion du temps et de vous rendre compte qu'une bonne partie de la consultation s'est écoulée?
Il est parfois difficile de rester sur le cap dans les séances de thérapie, tout comme il est difficile de garder un bateau sur sa trajectoire lorsqu'il est à la dérive. Les patients peuvent nous entraîner dans des discussions agréables, mais peu pertinentes, et perdre de vue l'objectif de la séance.
Bien que cela puisse être un signe de mécanisme de défense, le laisser émerger est une ressource précieuse, toutefois, le laisser se poursuivre sans y faire face peut devenir un piège pour le processus thérapeutique.
Dans cet article, nous allons explorer comment les divagations peuvent survenir en consultation, comment elles peuvent être liées à nos pensées et à nos mécanismes de défense, et pourquoi il est important pour le thérapeute de les détecter.
Faire de la divagation un outil d'accompagnement.
La divagation d'un patient peut être utilisée comme un outil thérapeutique en psychologie, notamment en thérapie psychodynamique. La divagation peut être considérée comme une expression de l'inconscient du patient, qui cherche à se manifester à travers des associations libres ou des pensées apparemment sans rapport. Le thérapeute peut encourager le patient à explorer les pensées et les émotions qui surgissent pendant la séance, même si elles semblent éloignées du sujet initial de la thérapie.
Le thérapeute peut poser des questions ouvertes pour aider le patient à faire des liens entre les différentes idées qui surgissent, et à explorer leurs significations et leurs implications émotionnelles.
Le thérapeute peut également aider le patient à identifier les thèmes récurrents qui émergent de ses divagations, et à explorer comment ces thèmes sont liés aux problèmes psychologiques qu'il rencontre. En reconnaissant les associations libres et les pensées apparemment sans rapport comme des expressions de son inconscient, le patient peut acquérir une meilleure compréhension de ses propres motivations et de ses schémas de pensée et de comportement.
Le thérapeute peut aider le patient à utiliser la divagation comme un outil de créativité et d'exploration de soi. En encourageant le patient à explorer librement ses pensées et ses émotions, sans se juger ni se limiter, le thérapeute peut aider le patient à développer sa créativité et à découvrir de nouvelles perspectives sur lui-même et sur le monde qui l'entoure.
Il est à noté qu'avant d'en faire un outil, il est nécessaire de s'assurer que ce n'est pas un symptôme d'une pathologie sous-jacente. Leur sens peuvent aller de l'anxiété à de la confusion mentale, jusqu'à des problèmes plus profonds tels que des troubles cognitifs, des troubles de la personnalité ou des traumatismes psychologiques.
Utiliser la divagation comme l'émergence d'un mécanisme de défense.
Celle-ci peut être considérée comme un mécanisme de fuite car elle permet à l'esprit de se distraire ou de s'évader d'une situation stressante ou difficile.
Quelle que soit la cause, voici quelques idées pour aider le patient à avancer sur son chemin thérapeutique:
Établir une relation de confiance : Ce premier point est indispensable avant toute tentative de recadrage. Cela peut se faire en écoutant attentivement le patient, en lui montrant de l'empathie et en le rassurant que ses sentiments et ses pensées sont normaux et compréhensibles.
Aborder les divagations, sans jugement: Si le patient est suffisamment en confiance, le professionnel peut faire constater directement la divagation. Le professionnel doit être ouvert et comprehensif, même si les pensées et les sentiments du patient semblent étranges ou inappropriés.
Poser des questions orientées vers le présent : Le professionnel doit poser des questions qui orientent le patient vers le présent et les tâches à accomplir. Les questions telles que "comment vous sentez-vous maintenant?" ou "Qu'est-ce qui vous préoccupe en ce moment?" peuvent aider le patient à se concentrer sur le présent et à éviter de divaguer.
Reprendre le fil conducteur de la thérapie : Le professionnel peut ramener à l'objectif de la session en posant des questions telles que "Comment cela se rapporte-t-il à notre objectif pour aujourd'hui?"
Utiliser des techniques de relaxation : Ces techniques peuvent aider le patient à se recentrer et à se calmer. Le professionnel peut utiliser des techniques telles que la respiration profonde, la méditation ou la visualisation pour aider le patient à se détendre et à se concentrer sur le moment présent.
En conclusion, plusieurs études ont été réalisées sur l'effet de la divagation et il s'avère que les impacts peuvent avoir tant un effet positif que négatif. Selon la revue "Frontiers in Psychology" la divagation active les régions cérébrales impliquées dans la réflexions sur soi et la planification future. Les chercheurs suggèrent que la divagation peut être une stratégie pour résoudre des problèmes personnels et réguler les émotions quand celle-ci est contrôlée et faite en conscience. A l'inverse, des divagations incontrôlées sembleraient apporter des effets négatifs sur le bien-être émotionnel et sur les performance cognitive. Il revient au professionnel de définir avec la spécificité de son patient sa posture face à la divagation.
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